Le Repère de la Guilde
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Le Repère de la Guilde

Attention coeurs sensibles, vous voilà en des lieux où le vice règne en roi.
 
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 [Dalahad] La naissance d'un héros

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Dalahad
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MessageSujet: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:36

Il n’y avait ni étoiles ni lune quand les troupes des Porteurs de la Leprae Fatalis, le Trafiquant à leur tête, arrivèrent à la brèche du fossé, par laquelle passaient la rivière et la route qui la longeaient, descendant du fort Windrunner. Le rempart récemment édifié se dressa soudain devant eux, haute ombre au-delà d’une fosse noire. Comme ils entreprenaient l’ascension qui menait à la porte, une sentinelle les interpella.

- Les armées de Monseigneur Dalahad Windrunner se rendent au Fort du royaume, lui répondit le Caïd. C’est Dalahad lui-même, fils d’Alnahar, qui parle.

- Voilà une fort bonne nouvelle qui n’était plus guère espérée, rétorqua la sentinelle. Hâtez-vous cependant! L’ennemi est sur vos talons!

La troupe franchit la brèche et s’arrêta au-delà sur la pente de gazon. Ils apprirent alors avec joie que le schizophrène était déjà arrivé, et qu’il avait réussi à mobiliser mille de ses meilleurs archers de Mirkwood pour appuyer le Trafiquant contre le Mandataire despotique, et que nombre de paysans des environs avaient pu depuis se réfugier auprès d’eux au Fort.

- Nous n’en avons que quelques milliers en état de combattre à pied, Monseigneur, dit Tarodar, un vieil elfe à qui le général des armées du Trafiquant avait confié la garde de la place forte. Mais la plupart ont vu trop d’hivers, comme moi, ou encore trop peu, comme le fils de mon fils que voilà. Rares sont ceux, parmi les elfes ici présents, qui ont reçu une formation militaire adéquate, Altesse. Seuls nos espions et nos arbalétriers nous seront d’un réel secours cette nuit. Quoi qu’il en soit, quelles sont les nouvelles du seigneur Uniaethin? Nous avons appris dans la journée d’hier qu’il accourait par ici en retraite, avec tout ce qui reste des meilleurs arbalétriers du royaume; il n’est toutefois pas encore arrivé.

- Je crains qu’il ne vienne plus, maintenant, dit Tannathar, le majordome du Caïd. Nos éclaireurs n’ont pu obtenir aucun renseignement à son sujet, et l’ennemi remplit toute la vallée derrière nous.

- J’aurais bien aimé qu’il se fut échappé, répondit Dalahad. C’était un grand elfe, en lui revivait la vaillance de nos pères. Mais nous ne pouvons l’attendre ici. Il nous faut maintenant retirer toutes nos forces derrière les murs. Êtes-vous bien approvisionnés? rajouta-t-il, avisant les alentours. Nous apportons peu de vivres, car nous sommes partis pour une bataille en campagne, et non pour un siège.

- Derrière nous, dans les cavernes du Fort, sont les trois quarts des habitants de l’Est, vieux et jeunes, femmes et enfants, dit Tarodar. Mais on y a aussi rassemblé de grandes réserves de vivres et beaucoup de bêtes avec leur fourrage.

- Voilà qui est bien, dit Tannathar. Ils brûlent et pillent tout ce qui reste dans la vallée.

- S’ils viennent faire marché de nos biens à la porte du Fort, ils paieront cher, répliqua Tarodar.

Le Trafiquant et ses soldats poursuivirent leur chemin. Ils mirent pied à terre devant la chaussée qui traversait la rivière Idril. En une longue file, ils menèrent leurs montures sur la pente et passèrent à l’intérieur des portes de la place forte. Ils furent de nouveau accueillis avec joie et renouvellement d’espoir; car il y avait à présent, avec les armées des quatre autres porteurs de la Leprae Fatalis, assez d’hommes pour garnir simultanément le bastion et le mur de la barrière.

Le Seigneur du Trafic ne perdit pas de temps, et mit rapidement ses hommes en position. Lui-même et les elfes de sa maison étaient dans le bastion, où se trouvaient également bon nombre des elfes de l’Est ainsi que les trois milliers d’ogres du Primeval. Mais Dalahad rangea la majeure partie de ses Assassins d’Oblivion, et les archers de Mirkwood envoyés par Hay et Mil, sur la grande muraille. Les soixante dix mille farfadets envoyés par Raxn et les vingt cinq mille arbalétriers de Xella furent mobilisés derrière le mur, car la défense là paraissait plus douteuse en cas d’un assaut déterminé d’une force nombreuse. Les chevaux furent emmenés loin dans les cavernes, à la garde des quelques mâles que l’on pouvait distraire de la défense.

Le mur du Fort avait approximativement vingt pieds de haut, et il était assez épais pour que quatre hommes pussent marcher de front sur le sommet, à l’abri d’un parapet par-dessus lequel seul un elfe de taille moyenne (1) pouvait regarder. Des fentes étaient ménagées par endroits, dans la pierre, pour le tir. On pouvait accéder à ce rempart par un escalier qui descendait d’une porte dans la cour intérieure du Fort; trois autres escaliers menaient aussi au mur du Fort derrière; mais la façade extérieure était si lisse, et les grandes pierres en étaient si bien jointoyées qu’il était littéralement impossible d’y trouver la moindre prise pour le pied, et au sommet elles débordaient telle une falaise affouillée par la mer.


(1) La moyenne de grandeur chez les elfes est d’environ 1m80.
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:39

Le cœur du Maître Trafiquant battait à un rythme effréné à sa tempe; la nervosité et l’anxiété causées par l’attente lui faisaient couler de longues et nombreuses perles de sueur froide. Les éclaireurs qu’il avait envoyés guetter les forêts à la frontière orientale du royaume lui avaient tous rapporté l’inéluctable et sinistre perspective d’une bataille désespérée et sans issue pour le plus puissant des Seigneurs Elfes de Larissa. Malgré le maigre, voire inexistant, espoir d’une victoire contre le redoutable Mandataire Bethiraldan, le Seigneur du Trafic avait fermement ordonné aux Assassins d’Oblivion de ne quitter sous aucun prétexte leur poste sur les murailles de la place forte, sous peine d’exécution immédiate et sans équivoque pour les déserteurs.

Les seigneurs Hailmi, Raxn, Xella ainsi que le dernier Primeval, Rhammidarigaaz, lui avaient envoyé sur-le-champ plus de cent milles guerriers, incluant des farfadets, des arbalétriers elfes noirs, des ogres de Locathan ainsi que des archers de Mirkwood; ces derniers, dépêchés par le schizophrène Hailmi, étaient reconnus comme étant tout aussi redoutables que les Assassins d’Oblivion de par leur précision de tir, et leur habileté à manœuvrer leurs arcs. Avec les nouveaux arrivants, les remparts étaient garnis d’archers, si bien qu’une seconde ligne de tireurs fut aménagée. La cour intérieure, quant à elle située à l’orée de la grande porte, regorgeait de plusieurs dizaines de milliers de Farfadets et d’ogres de Locathan, et de gigantesques machines de guerre, fruits de l’ingéniosité sans égale des Gobelins, composaient l’arrière garde de la défense.

Dalahad était ému devant l’aide inespérée que lui avaient fait parvenir ses frères Lépreux les plus proches. Toutefois, malgré les importantes forces mobilisées en défense, il demeurait songeur, même qu’il doutait pour la première fois de la solidité des remparts de sa place forte devant l’immense armée qui marchait présentement sur ses terres. Désespéré et résigné, il se résolut finalement à adopter la solution la plus raisonnable. Le Caïd, autrefois si fier et arrogant, avait donné place à un stratège posé et accompli, qui avait organisé du mieux qu’il le pouvait la défense du royaume. Lors de ses réflexions, son écuyer l’avait aidé à enfiler son armure étincelante et son bien le plus précieux, Anglachel, l’épée incurvée à la lame d’argent massif qu’un forgeron nain de grand renom avait forgée pour lui. Il se tenait maintenant debout, sur les Grandes Portes, et faisait face aux guerriers rassemblés dans la Cour. Son armure et son heaume étincelant à la lueur de la Pleine Lune, il apparaissait aux défenseurs comme l’un des Grands Rois Elfes de jadis.

- Vous tous ici réunis, que vous soyez Elfes, Gobelins ou Ogres, vous voir ainsi rassemblés en aussi grand nombre sous mon étendard et croisant le fer ensemble contre la tyrannie des Mandataires de Chaos me fait réellement chaud au cœur, commença le Maître Trafiquant, dont la voix était si puissante que le tumulte cessa, et tous levèrent les yeux vers lui pour l’écouter. Frères d’armes, je dois vous avouer que jamais de ma vie je n’ai eu l’honneur de voir une armée ayant aussi fière allure! s’époumona le Caïd.

Le tumulte reprit de plus belle, si bien que le Trafiquant dut lever la main afin que tous se taisent.

- J’ai cependant le regret de vous annoncer une nouvelle de mauvaise augure, poursuivit-il quand tous se furent calmés. En effet, mes éclaireurs m’ont tout récemment rapporté que plus de quatre centaines de milliers de Disciples, tous arborant la bannière du Mandataire Bethiraldan, ont franchi la frontière orientale de mon royaume. Au rythme de leur marche, j’estime qu’ils arriveront à vue des remparts à l’Aube. La bataille étant déjà perdue d’avance, je tiens à vous remercier de tous ces combats menés ensemble, et ces victoires partagées que nous avons remportées auparavant. Toutefois, en cette nuit, je tiens à ce que vous ne périssiez pas tous comme seul prétexte de défendre courageusement mon royaume. Le courage et la folie sont deux choses qu’il faut savoir distinguer, et c’est pourquoi je vous demande à tous de repartir dans vos royaumes respectifs. Cependant, et faites bien attention, n’allez surtout pas vers l’Est, car vous rencontrerez les Disciples de Bethiraldan le Perfide, et ils ne feront qu’une bouchée de vous. Mon lieutenant ci-présent vous conduira tous au passage souterrain qui mène à la forêt du côté Ouest de mon domaine; vous serez donc en sécurité.

Les clameurs éclatèrent violemment, et tous contestèrent cet ordre sans queue ni tête. Ils savaient tous que si l’armée de Dalahad affrontait seule cette menace, plus personne ne survivrait.

- Quant à moi et mes vaillants Assassins d’Oblivion, nous resterons ici et attendrons de pied ferme les innombrables guerriers du Mandataire de second ordre. Nous nous battrons du mieux que nous le pourrons, et vous ferons gagner un temps précieux dans votre retraite anticipée, reprit le Caïd. Allez, maintenant, et ce fut un honneur pour moi de combattre à vos côtés, mes frères. Puisse le Saint Kalifriss veiller sur vous!

Un vacarme formidable s’empara alors de la Cité, alors que les dizaines de milliers de guerriers alliés se dirigeaient vers la façade Ouest de la place forte. Près de deux heures s’étaient écoulées depuis le discours controversé du Maître Trafiquant, et la dernière tête des nombreuses légions armées, menées par le fidèle majordome Tannathar, disparut enfin par l’issue de secours qui avait été aménagée longtemps auparavant. Le maître des lieux eut un pincement au cœur en voyant tous ces vaillants et farouches guerriers quitter sa place forte.
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:41

Extrait de journal du preu Curufin, capitaine de la garde personnelle du Trafiquant.

Fort Windrunner, Troisième Lune depuis le début du siège.

«Les fondations du bastion ne cessent de trembler sous la puissance des hurlements des centaines de milliers de disciples. Les elfes de mon unité tentent cacher du mieux qu’ils le peuvent leur nervosité, leur effroi face à l’inéluctable bataille qui se prépare. Moi-même, j’ai de la difficulté à écrire tellement mon corps tremble, et mes mains sont si moites que je peine à tenir convenablement ma plume de griffon. La tension qui règne dans l’atmosphère est palpable; l’air est si lourd que mes épaules en sont voûtées.

Les elfes qui composent mon unité, ainsi que mon humble personne, avons été fort surpris, voir quelque peu choqués et estomaqués, lorsque Son Altesse Sérénissime a ordonné le départ des armées de nos alliés les seigneurs Raxn, Xella, Rhammidarigaaz et Hay-Mil. Les soldats furent consternés par cette décision controversée, si bien qu’une poignée d’entre eux, majoritairement de sales bourgeois égocentriques et vaniteux, tentèrent de s’insurger contre l’autorité de Sa Majesté mille fois louangée. J’ai personnellement pris l’initiative de leur rabattre leur sale clapet. J’aurais préféré ne pas faire couler le sang de représentants de notre race supérieure, mais ils ne m’ont guère laissé le choix. C’est ainsi que sept membres de la bourgeoisie tant prisée furent soulagés de leur tête par le tranchant de mon épée.

Toutefois, bien que controversé, le discours qu’a prononcé Sa Royale Excellence à la suite du départ de nos alliés nous a littéralement subjugués. Il est tout simplement un orateur de génie; il sait trouver les mots justes pour chaque occasion. Quoi qu’il en soit, l’armée semble maintenant totalement revigorée, et nous combattrons tous ensemble jusqu’à la mort pour la gloire de notre vénéré souverain.

Je redoute maintenant l’inévitable : les innombrables démons à la solde du Mandataire despotique se sont tus à présent. Le silence est accablant, terrifiant. Je ne puis trouver les mots appropriés pour décrire la tension que cause ce calme étouffant.

Ça y est, le pire approche. Mon escadron et moi venons d’entendre un hurlement déchirant. La terre tremble sous mes pieds de nouveau; les envahisseurs maléfiques ont repris leur marche avec coordination. Nous pouvons entendre leurs vociférations horribles …

… ils arrivent.»
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:44

Un court moment passa, qui parut interminable pour les défenseurs. Au loin, dans la vallée que dominait le Fort Windrunner, des feux parsemés brûlaient encore. Les armées du redoutable et perfide Bethiraldan avançaient à présent en silence. Tous pouvaient voir leurs torches serpenter dans la combe en files nombreuses.

Soudain, des bois éclatèrent des hurlements et les féroces cris de guerre des Elfes noirs. Des brandons enflammés apparurent sur le bord et se rassemblèrent en une masse épaisse à la brèche, puis ils se dispersèrent et disparurent. Des cavaliers revinrent au galop sur le terrain et commencèrent à monter le talus vers la porte du Fort Windrunner. L’arrière-garde, menée par le général Uniaethin, revenait avec succès de la forêt avoisinante.

- Le seigneur Uniaethin est de retour! Houra! s’écrièrent en chœur les nombreux elfes présents dans la cour.

La foule, ainsi que les archers qui étaient rassemblés sur la muraille, acclama le général de l’armée du Trafiquant jusqu’à ce qu’il atteigne le bastion.

- L’Ennemi est là, Altesse! s’écrièrent les arrivants, à présent devant le Caïd. Nous avons décoché jusqu’à notre dernière flèche, et rempli la vallée de ces vils disciples, Monseigneur. Cela ne les arrêtera toutefois pas longtemps; ils semblent déjà escalader le talus en maints endroits, serrés comme des fourmis en marche. Nous avons bien peur que notre résistance dans la forêt à l’Est du Fort n’aie eu autant d’effet qu’une piqûre de moustique sur un bœuf.

- Allez vous reposer, vous avez ma bénédiction, valeureux assassins d’Oblivion, leur répondit le Seigneur du Trafic.

Les elfes de l’arrière-garde remercièrent leur souverain, et se dirigèrent vers les baraquements, non sans s’être prosterné devant le Caïd. Il était à présent la mi-nuit passée. Le ciel était devenu complètement noir, et l’immobilité de l’air lourd annonçait l’orage. Un éclair aveuglant roussit soudain les nuages. La foudre ramifiée frappa les collines à l’Est. Pendant un instant éblouissant, les guetteurs des remparts virent tout l’espace qui les séparait de la vallée éclairée d’une lumière blanche : elle bouillonnait et fourmillait de formes noires, les unes larges et trapues, les autres grandes et sinistres, avec de hauts casques et de grands boucliers noirs. Des milliers, voire des dizaines de milliers, se déversèrent au bord du fossé et à travers la vallée. La marrée sombre montait jusqu’aux murs, d’escarpement en escarpement. Le tonnerre roulait dans la vallée, une pluie cinglante tombait drue sur les armures métalliques des combattants des deux côtés.

Des flèches, aussi drues que la pluie elle-même, commençaient à siffloter au-dessus des parapets et tombaient en cliquetant et ricochant sur les pierres. Les assaillants s’arrêtèrent, déroutés par la menace silencieuse du roc et du mur. À chaque instant, des éclairs éblouissants déchiraient les ténèbres, et révélaient aux défenseurs une armée tellement nombreuse que certains la comparaient à un raz-de-marée se brisant sur les remparts de la berge. Puis, les disciples poussèrent des cris aigus, agitant lances et arbalètes et tirant des nuées de flèches sur tout ce qui se révélait sur les parapets; et les défenseurs, confondus, croyaient voir un grand champ de blé noir, secoué par une tempête guerrière et dont chaque épi luisait d’une lumière barbelée. Déjà, plusieurs dizaines d’assassins d’Oblivion étaient tombés sous les projectiles ennemis.

Des trompettes d’airain retentirent. Le flot des ennemis déferla; une parti se porta contre le mur du Fort, et une autre vers la chaussée et la rampe menant à la porte de la place forte. Là étaient rassemblés les plus énormes des disciples démoniaques. Après un moment d’hésitation, ils se portèrent en avant. Il y eut un éclair déchirant, et l’on put voir, blasonnée sur chaque casque et chaque armure, l’affreuse marque des Mandataires de Chaos : une figure horrifiante ressemblant à s’y méprendre à une succube, de couleur argentée sur fond noir. Ils atteignirent le sommet du rocher, et s’avancèrent vers les portes.

Alors enfin, vint une réponse : une tempête de flèches les accueillit en même temps qu’une grêle de pierres et de lances. Ils fléchirent, se débandèrent et s’enfuirent; ils chargèrent encore et se débandèrent à plusieurs reprises; et chaque fois, comme la marée montante, ils s’arrêtaient en un point plus élevé. Les cors retentirent de nouveau, et une foule de serviles disciples hurlants bondit en avant. Ils tenaient cette fois leurs grands boucliers au-dessus d’eux comme un toit, et ils portaient parmi eux le tronc d’un puissant arbre, un gigantesque mellorne (1). Derrière se pressaient des archers, qui lançaient une grêle de traits sur les archers des murs dès que ceux-ci avaient le malheur de pointer le bout de leur nez hors des parapets. Ils atteignirent les portes. Le mellorne, balancé par des bras vigoureux, frappèrent les battants avec un grondement fracassant. Quand un disciple tombait, écrasé par une pierre précipitée d’en haut, deux autres s’élançaient aussitôt pour prendre sa place. Maintes et maintes fois, le grand bélier se balança et s’abattit sur la solide porte.

Le Caïd et le général de son armée, un vieux combattant rusé et farouche du nom d’Uniaethin, se tenaient ensemble sur le mur du Fort. Ils entendaient le rugissement des voix et le bruit sourd du bélier; et tout à coup, à la lumière d’un éclair, ils virent le péril qui menaçait la porte.

- Venez Monseigneur, voici l’heure de tirer l’épée ensemble pour une dernière fois! tonna le général.

Courant à toutes jambes, ils filèrent le long du mur, grimpèrent les escaliers quatre à quatre et passèrent dans la cour extérieure sur le roc. Tout en allant, ils s’efforcèrent de réunir une poignée de valeureux sabreurs. Il y avait dans un angle du mur du Fort une petite poterne qui ouvrait sur le nord, à un endroit où la falaise s’avançait jusqu’à elle. De ce côté, un étroit sentier descendait à la grande porte, entre le mur et le bord à pic du précipice. Les deux acolytes s’élancèrent ensemble par la porte, suivis de près par leurs soldats. Les deux épées sortirent du fourreau en un même éclair. Chargeant du côté, ils se ruèrent sur les démons. La lame d’argent du Trafiquant se leva et retomba, luisante d’un feu blanc. Un cri s’éleva du mur et de la tour :

- Notre souverain! Notre seigneur se bat parmi nous! L’espoir nous sourit de nouveau!

Épouvantés, les porteurs du bélier laissèrent tomber l’arbre majestueux et se retournèrent pour se battre; mais le mur de leurs boucliers se trouva brisé comme par un coup de foudre, et ils furent balayés, abattus ou jetés par-dessus le bord de la passerelle dans le torrent pierreux qui coulait en bas. Les archers ennemis tirèrent éperdument, abattant plusieurs elfes, puis s’enfuirent les jambes à leur cou.

Dalahad et Uniaethin s’arrêtèrent un moment devant les portes. Le tonnerre grondait au loin, à présent. Les éclairs scintillaient encore parmi les montagnes reculées du Sud. Un vent perçant soufflait de nouveau du nord, caressant tendrement leurs muscles endoloris. Les nuages déchiquetés étaient entraînés; les étoiles commençaient à peine à daigner se montrer et, au-dessus des collines bordant le Fort, la lune voguait vers l’Ouest, jetant une faible lueur argentée dans la brume de l’orage.

- Eh bien, nous ne sommes pas arrivés trop tôt, constata le Trafiquant, regardant les portes en piètre état.

Les grands gonds et les barres de fer étaient complètement tordus sur eux-mêmes, et le bois avait craqué en de nombreux points.

- Les portes sont en bien mauvais état, mais nous ne pouvons nous attarder davantage ici hors des murs pour les défendre, regardez! rétorqua le général, en désignant la chaussée. Une grande presse de démons serviles s’assemblait déjà de nouveau de l’autre côté de la rivière. Des flèches gémirent et sautèrent sur les pierres autour d’eux. Allons! Il faut retourner à l’intérieur du rempart et voir ce que nous pourrons tenter pour redonner un certain équilibre aux portes.

Ils firent volte-face et partirent en courant. La poterne fut refermée, non sans difficulté. La porte de fer fut bâclée et renforcée de pierres à l’intérieur. Quand tous furent en sécurité, le Maître Trafiquant se retraita dans le bastion.

Le ciel se nottoyait alors rapidement, et la lune descendante brillait avec grand éclat. La lumière n’apportait toutefois pas grand espoir aux Elfes qui défendaient le Fort. Les ennemis qu’ils avaient en face d’eux semblaient s’être accrus plutôt qu’avoir diminué, et il en montait toujours de la vallée par la brèche. La sortie sur la saillie n’avait assuré qu’un très bref répit. L’assaut contre les portes redoubla. Les armées du Mandataire despotique mugissaient comme une mer contre le mur du Fort. Des disciples grouillaient d’un bout à l’autre de sa base, inépuisables. Des cordes munies de grappins étaient lancées par-dessus le parapet, trop rapidement et en trop grand nombre pour que les défenseurs puissent les trancher ou les rejeter. Des centaines de longues échelles se dressaient. Beaucoup étaient abattues, ou à demi détruites, mais seulement pour être remplacées par d’autres en plus grand nombre, et les vils serviteurs de l’Ennemi s’y élançaient tels les singes dans les sombres forêts du Sud du royaume.

(1) Le mellorne est un arbre elfique.
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:46

Au pied du mur, les esclaves et les corps rompus s’empilaient comme galets dans la tempête; les effroyables monticules s’élevaient toujours plus haut, mais l’ennemi ne relâchait toujours pas. Les elfes de Neldoreth (1) commençaient à laisser paraître leur fatigue. Ils avaient pour la plupart épuisé leurs carquois de flèches; leurs lames étaient ébréchées et leurs boucliers fendus.

Une clameur de panique s’éleva du côté nord du Fort. Des centaines et des centaines de ces viles créatures s’étaient glissées telles des rats par le ponceau qui permettait l’écoulement de la rivière. Ils s’étaient rassemblés là à l’ombre des falaises jusqu’au moment où, l’assaut d’en haut étant à son comble, la quasi-totalité des défenseurs s’étaient précipités au sommet du rempart. Ce fut ce moment qu’ils choisirent pour jaillir. Déjà, plusieurs étaient passés dans la gueule du Fort; ils se trouvaient parmi le peuple et massacrèrent nombre de femelles et d’enfants.

- Leth laben ingilh, retentit une voix tonitruante par-dessus tout le vacarme du champ de bataille. Les démons sont derrière le mur! À moi, Neldorethrims, à moi! s’époumona le vaillant maître des lieux, descendu du bastion pour combattre avec son peuple, rassemblant tous les défenseurs en état de sabrer qu’il put trouver.

Leur attaque, aussi féroce que soudaine, eut l’effet escompté : les envahisseurs lâchèrent pied. Avant peu, ils furent pris dans la place publique du Fort, et tout furent tués et dépouillés de leurs armes.

- Prenez ces armes, et courez vous réfugier dans les cavernes à l’Ouest du Fort. Vous y serez plus en sécurité qu’ici, ordonna le preux Caïd. Puis, se tournant vers un officier, il rajouta: Nous devons regagner le contrôle de la cour, et tenter de réparer les portes du mieux que nous le pourrons.

Les ennemis furent nombreux à tomber sous les coups désespérés du Maître Trafiquant et de son escadron, jusqu’à ce que ces derniers atteignent les portes. Ils y rassemblèrent tous les petits blocs roulés, brisures de roc et charpentes de bois qu’ils purent trouver et, sous la direction d’un charpentier de métier, ils bouchèrent et obturèrent les portes Est du Fort, laissant ainsi aux défenseurs un répit non négligeable. Le Seigneur du trafic et sa garde personnelle s’appuyaient avec lassitude sur leurs épées. À distance sur la gauche, le fracas et la clameur de la bataille s’élevèrent de nouveau avec force; le Fort Windrunner tenait bon, comme une île au beau milieu de la mer. Ses portes gisaient, fracassées, mais aucun nouvel ennemi n’avait franchi la barricade de poutres et de pierres. Dalahad regardait à présent les étoiles et la lune qui descendait derrière les collines qui fermaient la vallée à l’Ouest.

- Cette nuit est sans l’ombre d’un doute la plus longue de toute ma chienne de vie, dit-il. Je me demande bien combien de temps le jour se fera-t-il encore attendre?

- L’aube ne devrait plus tarder, Majesté, lui répondit Uniaethin qui l’avait rejoint. Toutefois, je ne vois pas en quoi elle pourrait s’avérer nous être d’une utilité quelconque.

Tandis qu’ils parlaient, s’éleva une sonnerie de cors. D’innombrables échelles avaient été dressées contre les remparts. Par-dessus le mur et aux portes, le dernier assaut déferla comme une sombre vague sur un monticule de sable. La défense fut submergée par un raz-de-marée de démons, et balayée. Les défenseurs périrent par centaine, tombant et combattant comme ils reculaient, pas à pas, se frayant un chemin de retraite vers la citadelle.

Le Caïd traversait à pas de loup la grande salle, avide de nouvelles de tous les fronts. Quand il eut obtenu les informations désirées, il grimpa sur une table et leva la main pour obtenir l’attention de la foule.

- Selon les croyances populaires, le Fort n’est jamais tombé sous un assaut, mais j’ai aujourd’hui le cœur incertain, commença l’orateur. Le monde change, mes amis, mes frères, et tout ce qui fut fort se révèle maintenant peu sûr. Comment une tour pourrait-elle résister à un tel nombre et à un courroux aussi violent?

Les murmures et les rumeurs reprirent de plus belle, tant et si bien que le Caïd dut de nouveau lever la main.

- La fin ne tardera pas, mais je ne finirai certes pas ici, pris au piège comme un blaireau dans son terrier. Quand viendra l’aube, je ferai sonner les cors de l’assaut, et je sortirai, reprit le souverain de Neldoreth. Sortirez-vous avec moi, nobles Neldorethrims (2)? Il est probable que nous réussissions à nous frayer un chemin dans les rangs ennemis, comme il est aussi probable que nous y laissions tous notre vie. Cependant, si nous venons à mourir de cette façon, nos exploits ainsi que notre bravoure seront chantés par les ménestrels de Larissa, et les Neldorethrims auront leurs noms inscrits à jamais dans l’Histoire!

- Gloire à notre souverain! s’écrièrent les elfes. Mourons tous ensemble en combattant dans l’honneur!



(1) Neldoreth était le nom du royaume du Maître Trafiquant.
(2) Neldorethrims était le nom des habitants de Neldoreth, le royaume du Maître Trafiquant.
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:47

Alors que le Maître Trafiquant retraitait vers le bastion avec ses fidèles, sous les coups insoutenables des troupes innombrables du Démon Mandataire, le Capitaine Finraël, cinquième fils du Général Uniaethin, avait été chargé d’une mission de la plus haute importance. Le Caïd lui avait ordonné de mener les gens du peuple dans les cavernes. Une mission qui avait le mérite d’épargner la vie du fils chéri d’Uniaethin, mais qui ne plaisait pas au jeune capitaine. Malgré tout, il accepta rapidement en croyant, à tord, pouvoir faire vite et revenir mourir avec son Seigneur.

-Plus vite, bande de lâches! hurla le jeune gradé. Vous vouliez fuir le combat? Bien, mais dépêchez-vous, bon dieu!

Finraëlio était de ces jeunes seigneurs elfes hautains et hargneux, qui ne songeaient qu’à guerroyer au mépris de la vie des autres. La colonne de villageois, accompagnée par le bataillon des Lames Sifflantes, s’enfonça sous terre par un étroit tunnel sinueux. Les grottes n’étaient pas très lointaines, mais au rythme des vieillards, elles paraissaient à plusieurs heures de marche. Les torches, portées par la soldatesque, apportaient peu de lumière aux rescapés et encore bien moins de réconfort. Les murs des couloirs tremblaient sous le bruit des combats, bruit qui présageait la mort de nombreux fils et filles tant de familles nobles que du Tiers État(1).

Arrivé dans les cavernes, un havre de paix en ces temps troubles, le Capitaine fit rapidement installer les familles avant de donner des ordres à des enfants pour maintenir une ronde de garde.

-Vous ne resterez pas, Capitaine Finraël? demanda anxieusement une fillette.

-Non, mon bataillon doit aller prêter main forte aux nôtres sur le champ de bataille, répliqua-t-il sèchement avant de donner les ordres à ses hommes.

Un elfe s’approcha en courant de son chef, il semblait exténué.

-Seigneur Finraël, articula-t-il. Nous avons trouvé une brèche dans le fond à droite. J’ai pris la liberté d’envoyer deux hommes vérifier où elle menait.

L’elfe accepta cette initiative avec un hochement de tête entendu. Soudain, un hurlement strident déchira les tympans des êtres rassemblés dans la grande grotte. Chacun porta la main à son arme et attendit en silence, se regardant mutuellement avec des regards apeurés.

-Neldorethrims, aux armes! cria désespérément l’un des deux explorateurs de la crevasse.

Il déboula devant ses compagnons avant de s’écrouler, percé de toute part par des lances barbelées.

-Neldorethrims, aux armes! Reprirent en cœur les soldats elfes.

-Formez une ligne devant ce fichu trou, je ne veux voir aucune de ces créatures repoussantes traverser notre ligne et se retrouver face au peuple, s’époumona le Capitaine avant de sortir sa propre lame en lançant un cri de ralliement.

Finraël s’élança pour contenir la première vague des envahisseurs; les vils serviteurs de l’Usurpateur avaient trouvé une porte grande ouverte pour pénétrer dans la citadelle et il se devait, pour son peuple, de limiter les dégâts. Il se feinta à droite avant de ramener son épée très haute pour sectionner la jugulaire d’un grand Disciple vêtu de noir, le sang gicla abondamment sur le guerrier elfe qui entendait ses compagnons d’armes suivre son élan pour faire une véritable boucherie de cette tentative désespérée des Généraux du Démon Mandataire de prendre la citadelle.

La stratégie du Capitaine était simple : Contenir la vague déferlante des assaillants grâce à ses trente-cinq épéistes aguerris, soutenus par une dizaine d’archers, deux mages elfes et un haut mage, gracieuseté du Caïd qui semblait avoir eu une petite idée de la perfidie du Mandataire. Les trois mages lançaient sort par-dessus sort pour contrer l’avancée inexorable des offenseurs, les archers criblaient de flèches tout ce qui passait la ligne protectrice des bretteurs. Une stratégie efficace, mais futile puisque pour chaque Disciple qui tombait, cinq étaient là pour le remplacer. Les elfes s’en rendirent compte parce qu’ils redoublèrent de vaillance, de témérité et de rapidité. Les coups pleuvaient sur les séides du Mandataire qui ne devaient leur avancer qu’à un nombre record.

-Toi, beugla le Capitaine en désignant du doigt un jeune elfe qui combattait vaillamment à proximité de lui. Préviens le Général Uniaethin de notre défaite prochaine ici. Il doit savoir que ses ennemis vont venir de l’intérieur! Cours maintenant, avec la célérité de notre race!

Sans se faire prier, le jeune soldat enfonça son épée dans les tripes de son adversaire avant de la ressortir sèchement et courir avertir le Général que son cinquième fils venait d’échouer…
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:48

Il y eut soudainement un grondement, si puissant que les fondations mêmes du Fort en tremblèrent. La barricade érigée en travers des portes fut dispersée comme par un coup de foudre. Mais au moment où la porte cédait et où les serviles disciples de l’Ennemi poussaient les hurlements précédant la charge, un murmure s’éleva derrière eux comme un vent dans le lointain, qui ne tarda pas à devenir la clameur de nombreuses voix criant une étrange nouvelle dans l’aurore. Les démons qui se trouvaient dans la vallée, entendant la rumeur de consternation, hésitèrent et jetèrent un coup d’œil en arrière. Alors, soudain et terrible, sonna de la citadelle le tant redouté cor de Neldoreth.

À ce son, tous frémirent. La course folle des assaillants s’arrêta net, et les serviteurs du Mandataire despotique se regardèrent, l’air hagard, éberlués, et se couvrirent les oreilles de leurs doigts en se jetant face contre terre. Mais à l’intérieur de la citadelle, les elfes levaient la tête, écoutant avec étonnement; car les échos ne mouraient pas.

- En avant, Neldorethrims! Gloire! Gloire au seigneur Dalahad Windrunner! crièrent les défenseurs.

Et sur ces cris, les cavaliers prirent position sur leurs montures. Le Caïd apparaissait en première ligne. Son cheval était d’un noir de jais, noir était son bouclier, et son épée à la lame d’argent reposait dans son fourreau. À sa droite se tenait le vaillant capitaine Curufin, et derrière lui chevauchaient les derniers survivants de Neldoreth. La lumière jaillit dans le ciel, la nuit s’évanouit.

- En avant, Neldorethrims! s’époumona le Maître Trafiquant.

Sur ce cri, et dans un immense fracas, ils chargèrent. Ils descendirent de la citadelle en un grondement, franchirent la cour intérieure à fond de train et fondirent sur les disciples du Démon Mandataire telle une immense vague s’écrasant sur la rive. Derrière eux, venaient des cavernes les cris rauques des elfes qui s’y étaient réfugiés, poussant l’ennemi devant eux. Se déversaient aussi tous les archers qui restaient sur le rempart. Et toujours le son des cors se répercutait dans les collines. Le Caïd et ses compagnons formèrent une ligne, que les réfugiés des cavernes rejoignirent, et poursuivirent leur marche. Capitaines et champions tombaient ou fuyaient devant leur courroux. Ni disciples, ni farfadets corrompus ne leur résistaient. Les ennemis étaient déboussolés devant le revirement de situation, et nombreux étaient ceux qui présentaient le dos aux épées et aux flèches des cavaliers, et leur face à la vallée. Ils poussaient des cris et des gémissements, car la peur et un grand étonnement les avaient envahis avec le lever du jour.

C’est ainsi que le Maître Trafiquant descendit de la citadelle et se fraya un chemin, abattant les ennemis qu’il croisait, et se fraya un chemin jusqu’aux portes de la grande forteresse. Là, la compagnie fit halte. La lumière devint brutalement brillante tout autour. Des rayons de soleil flamboyaient au-dessus des collines de l’Est et miroitaient sur leurs lames tachées de sang. Ils avaient réussi : ils avaient repoussé les sbires du Démon Mandataire hors de l’enceinte du Fort.

- Halte, mes frères! hurla le Maître Trafiquant. Regardez, ces serviles démons fuient devant le lever du soleil!

En effet, telle une fumée noire poussée par un vent montant, les disciples du Mandataire déchu s’enfuyaient. Ils passaient en gémissant dans l’ombre des arbres de la forêt encerclant le royaume, et nul ne revint en Neldoreth en ce jour décisif.
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MessageSujet: Re: [Dalahad] La naissance d'un héros   [Dalahad] La naissance d'un héros Icon_minitimeLun 17 Sep - 15:48

Extrait du journal personnel de Tannathar, fidèle intendant de la Maison Windrunner et sage conseiller du souverain de Neldoreth.

Forteresse de Neldoreth, récit de la bataille héroïque.

«Les béliers ennemis sont venus à bout des puissantes portes surplombant la chaussée, comme je m’y attendais. Les démons étaient si nombreux, si assoiffés de sang, si débordant de haine et de cruauté, qu’il ne leur fallut guère longtemps pour abattre les barricades et taillader les elfes qui y combattaient. Les cinq centaines de vaillants assassins d’Oblivion, que sa Royale Excellence avait gardés en réserve, réussirent tant bien que mal à les tenir en respect en les bombardant de véritables pluies de flèches et de traits; ils furent toutefois submergés par le flot interminable d’ennemis se découlant par les portes défoncées.

Les deux milliers d’archers postés sur les remparts faisaient des ravages dans les rangs des assaillants. Je fus estomaqué de par leur vaillance au combat, lorsque j’allai leur prêter main forte. Ils repoussaient les échelles, décochaient flèches après flèches. Mon support, bien que menu, leur permit de souffler un peu, car j’abattis nombre de démons qui étaient parvenus à se hisser sur le parapet. Nous réussîmes à tenir longtemps, mais nous perdions inexorablement du terrain au fil du temps, reculant lentement et sûrement vers les escaliers. Trois heures s’étaient écoulées depuis la sonnerie des cors du Démon Mandataire, et les assassins d’Oblivion, bien qu’ayant combattu avec l’acharnement de notre race, perdirent totalement le contrôle du rempart.

Enfin. Sa Royale Excellence devant la vague déferlante et interminable des démons, a fait sonner les cors de la retraite immédiate.

- Haë gäilorehn! Ankh hin tildil!(1) m’époumonai-je alors.

Affligeant. Horrible. Tel était le spectacle qui s’offrait à mes yeux lorsque l’unité des assassins d’Oblivion retraita au pas de course vers la citadelle. Des deux milliers d’elfes que sa Royale Excellence avait postés sur les remparts, si peu revinrent à la citadelle sains et sauf, à un tel point que j’eus grand peine à retenir le flot de larmes qui me vint aux globes oculaires, et ce malgré l’immense et légendaire fierté hautaine de notre ô si noble et glorieuse race.

* * * * *

Nous sommes arrivés en toute hâte à l’intérieur de la citadelle, où nous attendaient son Altesse Sérénissime et les quelques centaines de survivants qu’il a pu rassemblé. Rapidement, nous plaquons poutres et pierres contre la porte dans l’espoir qu’elle tienne plus longtemps contre les coups déchaînés des viles créatures du Démon Mandataire. Paysans, femmes, enfants, guerriers. Tous participaient aux travaux de réfection des portes de la citadelle, pendant que les derniers survivants du peuple de Neldoreth.
Moi-même, je me mêlai au peuple du mieux que je pus, prêtant assistance aux vieillards et aux blessés agonisants.

Les ennemis sont maintenant arrivés aux portes, ce que nous redoutions se trouve maintenant de l’autre côté d’une simple petite façade de bois et de pierre qui ne fera pas long feu devant tant de fureur. Pour la première fois de mon humble existence, un doute subsiste en mon cœur quand à la décision prise par notre seigneur et maître. Comment a-t-il pu même penser à résister un temps soit peu contre ces ordures de disciples, ces immondes bâtards assoiffés de sang? Non, que je sois damné si j’ose remettre en question les ordres de sa Royale Excellence. Il sait mieux que quiconque ce qui est bon pour notre si glorieux et majestueux peuple.

La tension, l’anxiété qui pèse sur chacun de nous dans l’attente du combat, est littéralement intolérable. En regardant autour de moi, je constate que je ne suis guère le seul dont les épaules se courbent sous une atmosphère aussi lourde. L’Ennemi enchaîne les coups de béliers contre les portes; les gonds frémissant à chacun … la fin est proche.

* * * * *

Notre Maître Vénéré vient de montrer une fois de plus sa légendaire éloquence devant une foule insatiable. Je ne sais comment il a fait, mais j’en suis tout simplement surpris. Les clameurs ont cessé, tous l’ont écouté, et maintenant tous l’acclament en chœur. Le seigneur Windrunner est un orateur de prodige, et ce sans l’ombre d’un doute à présent. Ce changement brusque, ce revirement de situation est tout bonnement foudroyant, mais je crois cependant que je suis le seul à l’avoir remarqué.

Quoi qu’il en soit, les différentes castes (2) ont une fois de plus enterré la hache de guerre, et tous ont assisté les quelques palefreniers à seller les chevaux.

Un dernier coup retentit aux portes, et un grondement étouffé en sortit. Mais au moment où les serviles démons jaillissaient dans la citadelle, un cor assourdissant fut sonné, et les ennemis furent littéralement sidérés devant sa puissance. Les derniers survivants prirent rapidement position sur leurs chevaux; ce fut cet instant précis que sa Royale Excellence choisit pour donner le signal de la charge.

* * * * *

Jamais. Jamais je n’aurais cru éprouver autant de plaisir à tuer. Avec les ruines de la jadis puissante armée du royaume de Neldoreth, à cheval aux côtés de mon seigneur et maître, je déambulai hors de la citadelle, et tels une puissante vague, nous déferlâmes sur le rivage de démons. Cependant, alors que nous franchissions les portes de la citadelle, un cor elfe fut sonné. C’est en me retournant que j’aperçus les fils d’Uniaethin et les poignées d’elfes qu’ils avaient réussi à rassembler avant de prendre refuge à l’intérieur des cavernes. Nous apercevant, ils redoublèrent d’ardeur, et nous fîmes front commun contre les créatures impures.

Sa Royale Excellence était stupéfiant. Le voyant ainsi combattre avec hargne et fougue, il rappelait fidèlement les grands rois elfes de jadis. Il abattait son épée à la lame d’argent sur toutes ces immondes créatures qui avaient la mauvaise fortune de croiser son chemin.

Le sang giclait des blessures de ces bâtards, les têtes virevoltaient dans les airs, les plaintes de ces chiens galeux nous déchiraient les tympans, mais nous poursuivîmes notre sortie. Notre charge fut soudaine et efficace, car nous regagnâmes le contrôle du Fort et repoussâmes l’Ennemi jusqu’à la chaussée, décapitant et abattant tous ceux qui se trouvaient en travers de notre chemin.

Hécatombe. Tel est le mot approprié pour décrire ce que l’on voyait dans la cour intérieure de la forteresse de Neldoreth. Des cadavres par milliers jonchaient le sol; certains percés de maintes flèches, d’autres dont la tête ou autres parties du corps étaient sectionnés ou séparés. Des rivières de sang ruisselaient parmi les corps, tous en étaient imprégnés, tant les morts que les survivants. Si nombreux … Si nombreux étaient les elfes de notre peuple qui avaient donné leur vie pour une noble cause : la liberté de Larissa …

… nous obtiendrons vengeance pour toutes ces morts!»


(1) « La retraite! Tous à la citadelle! » en haut elfe.
(2) classes sociales
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