Une nouvelle journée s'achevait pour le Tavernier de la Guilde. Journée trépidante, à servir de la bière et à assassiner des gens, ou encore à en corrompre pour mieux les poignarder après, les laissant sans le sou sur une terre hostile à ceux qui sont faible. Les faibles, Volfor, de son vrai nom, les détestait. Pourtant, il lui était déjà arrivée d'être faible, ou de succomber à une tentation trop forte. Mais Volfor n'aimait pas revenir sur ces souvenirs. Sa vie étonnement longue ne lui permettait pas de s'appesantir sur les erreurs du passé.
Le Tavernier se rappela de sa rencontre avec le Rat Thessalien. Il avait fuit, des jours durant, des mois peut-être, et il était presque nu, sous une pluie battante, sans aucune autre possession terrestre qu'un pantalon déchiré à trois endroits et une chemise en loque et boueuse. Son visage avait pris une teinte noirâtre à force de ne plus être lavé - cela avait pris plusieurs jours avant de lui faire retrouver sa teinte blanche habituelle -, et ses jambes ne le portait qu'avec le peu d'énergie que procurent les herbes et les baies sauvages. Volfor possédait aussi son bien le plus précieux, cette étrange pierre rouge qui scintillait au creux de sa main. Pour elle, il s'était battu contre les pires malfrats, qui ne voyait en elle qu'un vulgaire rubis tailles. Il s'était abstenu de demander l'aide de quiconque, de peur qu'on ne la lui vole, et surtout, il avait tout fuit, et parcouru ces milliers de kilomètres entre les mondes, pour se mettre à l'abri.
La nuit allait pas tarder à tomber, bien que les nuages sombre et les yeux obscurcis par la boue et la noirceur de son âme à ce moment la ne voyaient pas grande différence, quand Volfor s'écroula au milieu du chemin. A sa gauche se dressait une sinistre bâtisse en ruine, sans doute la chaumière d'un fermier ayant abandonné l'endroit. Elle comportait un rez-de-chaussée composé d'une large salle, qui devait sans doute servir d'étable et d'entrepôt à grains. Trois pièces plus petites se trouvaient derrière une porte dans un coin, et un étroit petit couloir les reliait entre elles. Un escalier en ruine montait jusqu'au premier étage, dans lequel se trouvaient plusieurs autres petites pièces, et trois couloirs grinçants. Un nouvel escalier permettait d'accéder au second étage, sans doute un grand grenier. Mais cela, Volfor ne le vit pas tout de suite, car face contre terre, la pluie battante le martelant sans aucune pitié, il ne pensa plus à rien.
Il est si facile de tomber dans l'oubli, de s'effacer sur place. Sans être mort, chacun peut trouver comment faire fuir son âme de son corps à tout jamais, laissant les tourments de la vie aux Anathois immortels et à leurs serviteurs, petites créatures serviles. Chaos tirait les ficelles de ce grand jeu en compagnie de ses acolytes, mais il ne se doutait sans doute pas qu'il était lui-même manipulé par un être plus grand que lui, le Destin.
Volfor se releva, quelques heures plus tard. Regardant autour de lui, il vit le sinistre bâtiment qui se dressait là, comme pour lui souhaiter la bienvenue. Après s'être retourné pour vérifier que personne ne le poursuivait, réflexe acquit depuis si longtemps, il entra par la porte principale branlante.
Badant, nan ?
Jeu 4 Oct - 14:10